Une fédération en plein foisonnement

Maurice Ligot, président du CNERP de 1987 à 1992, plaide pour la relance d’une politique vigoureuse d'aménagement du territoire avec une forte implication des comités d’expansion et des agences de développement. D'autre part, il fait mettre l'accent, au congrès d'Angers, sur « l'indispensable industrie ». Dans cette optique, pour intéresser concrètement les dirigeants des grandes entreprises à l’aménagement du territoire et les impliquer dans les travaux des comités d’expansion, il crée le collège des membres associés à l’intérieur du conseil d’administration du CNERP et le Club des Grands Aménageurs, association indépendante réunissant des chefs de grandes entreprises, et placée sous le même objectif. Enfin, pour renouveler la politique de communication du CNERP, en concertation avec quatre ou cinq comités d’expansion « vedettes », il organise des déjeuners de presse à thèmes.

En 1987-1988, le CNERP participe étroitement au débat public :

  • publication d’un rapport conjoint avec le Commissariat au Plan, la Datar et la Direction de la recherche au Ministère de l’Équipement, sur « Mutations économiques et urbanisation » ;
  • organisation d’un colloque sur « Les villes moyennes dans l’économie française : situation et perspectives », à Cholet. L’idée de la fédération des maires des villes moyennes est lancée. Elle se concrétise le 19 janvier 1988 et le CNERP se voit confier la mission d’assurer la logistique de cette nouvelle entité, mission qu’il assurera jusqu’en septembre 1990.
  • remise d’un document intitulé « La géographie de l’excellence » à Alain Madelin, ministre de l’Industrie. L’ensemble du réseau a été consulté, l’objectif étant de sélectionner un certain nombre d’innovations réussies ayant eu un impact sur leur environnement.

La Charte des comités d’expansion

1987 est également l’année de la signature de la Charte des comités d’expansion, présentée solennellement à la présidence de l’Assemblée nationale par Jacques Chaban-Delmas, Olivier Guichard, Maurice Ligot et Bernard Stasi. Il s’agit, vis-à-vis de l’extérieur, de donner une image claire et précise des valeurs et des principes qui régissent les actions des comités d’expansion et, à l’intérieur du réseau, de rappeler les aspirations originelles, de réaffirmer la permanence et l’actualité de leur action auprès des élus et des milieux économiques et sociaux de leurs territoires, à chaque niveau : région, département, ville, « pays ».

En 1988 est créée l’Association Territoires et Entreprises (ATE), plus connue sous le nom de « Club des Grands Aménageurs ». Le président du CNERP a un double objectif : d’une part, sensibiliser les dirigeants des grandes entreprises publiques ou privées aux problèmes de l’aménagement du territoire, car ils peuvent le « déménager » en une seule décision, ruinant ainsi des années de travail d’une agence de développement sur le terrain, et d’autre part, utiliser l’influence morale et financière de ces chefs d’entreprises pour faire avancer les problèmes d’aménagement du territoire.

Le CNERP s’intéresse à la question européenne, et organise, en lien avec le conseil régional des Pays de la Loire, présidé par Olivier Guichard, vice-président du CNERP, une rencontre à Nantes avec le président de la Commission européenne, Jacques Delors, pour un débat sur « l’aménagement du territoire européen ».

On recense, en 1989, 90 adhérents :         

  • 8 comités d’expansion régionaux
  • 59 comités d’expansion départementaux
  • 23 comités d’expansion locaux.

Le CNERP compte désormais 6 membres associés :

  • le Conseil économique et social (CES)
  • l’Association nationale des élus régionaux (ANER)
  • la Société centrale pour l’Équipement du territoire (SCET)
  • l’Agence nationale pour la création d’entreprise (ANCE)
  • la Caisse des dépôts et consignations (CDC)
  • la Fédération nationale du Bâtiment (FNB).

La collaboration du CNERP avec les autres associations de développeurs se poursuit. Ainsi, en 1989, une « lettre ouverte » est adressée au ministre chargé des reconversions et de l’aménagement du territoire, Jacques Chérèque, par quatre présidents de réseaux : le CNERP, l’Association nationale pour le développement local et les pays, le Comité de liaison des boutiques de gestion et la Fédération nationale des CAUE. Il s’agit, à l’occasion du conseil des ministres du 8 février consacré au développement local, d’attirer l’attention sur la précarité financière des réseaux du développement local, alors qu’ils jouent un rôle irremplaçable sur le terrain.

Un lobbying intense

Le CNERP poursuit ses actions de lobbying sur les thèmes suivants :

  • la réindustrialisation : le groupe de travail chargé d’étudier les industries de main-d’œuvre depuis 1988 remet au Premier Ministre, en 1991, un rapport intitulé « Évolutions industrielles et aménagement du territoire ». La proposition majeure du CNERP, en étroite relation avec le ministère de l’Industrie et le ministère du Travail et de la Formation professionnelle, est la création de « contrats d’innovation globale », entraînant la coordination d’un ensemble de dispositifs en faveur des mutations (investissements technologiques, effort accru de formation, contractualisation sociale, demande de marketing). Le président du CNERP préconise le retour de la production industrielle en France et prend fermement position en faveur des délocalisations administratives décidées par le gouvernement ;
  • l’espace rural : quarante experts de l’OCDE sont invités en octobre 1990, pour une journée à Cholet, par le CNERP et le Comité d’expansion pour le développement économique du Choletais. Il s’agit de leur montrer comment s’effectuent le maintien et la gestion des services publics en milieu rural ;
  • les autoroutes : par le biais de plusieurs colloques ;
  • l’aménagement du territoire : le 29 mai 1990 a lieu, à l’Assemblée nationale, un débat exceptionnel sur ce thème, dont le rapporteur est Jean-Pierre Balligand, vice-président du CNERP. Pour préparer ce débat, le CNERP et l’ensemble des comités d’expansion ont adressé solennellement au Premier Ministre, au ministre de l’Industrie et de l’Aménagement du territoire, au ministre chargé de l’Aménagement du territoire et des Reconversions et au Datar, un document de cinq pages présentant leurs propositions pour une politique nationale d’aménagement du territoire.

Les relations avec la presse ne sont pas négligées : le CNERP lance en décembre 1990 des déjeuners de presse bimestriels. Chaque déjeuner a lieu sur un thème précis, illustré par quatre ou cinq responsables de comités d’expansion, devant une vingtaine de journalistes.

Enfin, le CNERP continue de mener une réflexion prospective, comme en atteste la carte économique de la France de l’an 2000 présentée au congrès de Tours de 1991 : « Les 1 000 projets de l’an 2000 ».

En 1991, on recense 6 membres associés et 71 adhérents :   

  • 7 agences ou comités d’expansion régionaux
  • 54 agences ou comités d’expansion départementaux
  • 18 agences ou comités d’expansion locaux.