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Quels critères de localisation des fonctions tertiaires après la crise ?

L'Association des directeurs immobiliers et EY publient leur deuxième baromètre des implantations tertiaires en France.

Quels critères de localisation des fonctions tertiaires après la crise ?


Mercredi 11 mai 2022, l'association des directeurs immobiliers (ADI) et EY dévoilaient les résultats de leur deuxième baromètre des implantations tertiaires en France. 

 

Après une première édition en 2019, qui avait permis de dresser un portrait des implantations de fonctions tertiaires "corporate" (centres de décision, centres de R&D, plateformes tertiaires et agences commerciales) en France sur les dix dernières années, l'objectif de cette deuxième édition était de faire le point sur les évolutions impulsées ou accélérées par la crise sanitaire.

 

Fondé sur des analyses à la fois quantitatives et qualitatives, ce baromètre a notamment mobilisé des données Trendeo ainsi qu'un panel de 300 dirigeants, avec les contributions des adhérents de l'ADI et l'appui de quatre réseaux d'experts : l'association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH) et l'association des directeurs financiers et de contrôle de gestion (DFCG) côté professionnels, ainsi que France Urbaine et le CNER côté territoires.

 

Une hyperactivité tertiaire concentrée en Île-de-France et dans les grandes métropoles

Entre 2012 et 2021, le territoire français a accueilli plus de 13 000 projets d'implantations (créations et extensions) tertiaires, représentant près de 410 000 emplois. Si le nombre annuel de projets a légèrement diminué entre 2019 et 2020, passant de 1 218 à 1 101 (soit -10%), il a connu un fort rebond en 2021, atteignant 1 387 (soit +26%). Ainsi, comme le notent l'ADI et EY, "la crise sanitaire n'a pas fortement remise en cause l'hyperactivité tertiaire des dix dernières années".

 

Le baromètre propose une analyse à la fois sectorielle, territoriale et organisationnelle de cette hyperactivité tertiaire, faisant ressortir trois grands enseignements :

  • Les entreprises de services du numérique (ESN) sont à l'origine de 45% des projets et de 41% des emplois. Les secteurs de l'ingénierie, de la R&D scientifique et du conseil en gestion participent également fortement à la dynamique.
  • Avec 34% des projets et 43% des emplois, la région francilienne est la première destination des implantations tertiaires. Hors Île-de-France, 57% des projets et 59% des emplois sont localisés dans les 21 métropoles régionales.
  • Les PME représentent 73% des projets, reflétant selon l'ADI et EY "la profondeur des tissus territoriaux ainsi que leurs projets endogènes". Les grands groupes représentent quant à eux 40% des emplois.

L'attraction des talents au cœur des préoccupations des dirigeants

Une enquête menée auprès de directeurs généraux, directeurs immobiliers, directeurs des ressources humaines ou encore directeurs administratifs et financiers, a permis d'identifier trois critères d'implantation prioritaires : 

  1. Les ressources humaines : capacité à recruter et fidéliser les meilleures compétences (et ce malgré l'essor du télétravail).
  2. La performance économique : coûts immobiliers globaux.
  3. Les exigences environnemental (critère en forte progression) : performance environnementale du bâtiment, potentiel du territoire pour décarboner l'activité de l'entreprise, etc.

Un immobilier tertiaire en mutation

Cette enquête a également permis d'identifier quatre grandes dynamiques appelées à transformer l'immobilier tertiaire :

  1. L'hybridation et la fragmentation des modes de travail, qui rend progressivement obsolète le principe d'une unité de lieu pour travailler.
  2. Un nouveau "contrat social" entre les entreprises et les salariés, modifiant les motifs de présence au bureau (au profit des fonctions de sociabilité, de collaboration et de formation).
  3. La flexibilité et l'optimisation des lieux de travail (nécessaire gestion des flux d'occupation en fonction des charges d'activité).
  4. La rationalisation économique et immobilière (réduction des besoins en mètres carrés).

Les acteurs territoriaux ont un rôle majeur à jouer, aux côtés des entreprises et des professionnels de l'immobilier, pour réussir ces transformations. Le baromètre formule ainsi des préconisations à leur attention, dans trois principaux domaines :

  • L'aménagement territorial : favoriser l'accessibilité des sites, mais aussi "proposer une vision lisible et ambitieuse sur les équipements sociaux et culturels, les infrastructures urbaines et de logement".
  • La transition écologique : accélérer les initiatives en la matière et les mettre en cohérence avec celles des entreprises.
  • L'attractivité territoriale : développer des stratégies d'attractivité RH, former les compétences aux métiers de demain, aider les employeurs dans leurs enjeux de recrutement et de rétention de talents. Des enjeux dont les agences d'attractivité et de développement économique se sont d'ores et déjà saisi (voir notre dossier de bonnes pratiques à ce sujet).

Pour en savoir plus, retrouvez la synthèse du baromètre sur le site internet d'EY, ou sa version longue sur celui de l'ADI.

 

 

 

Clémence Binet