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Attractivité médicale : une étude sur les choix d’implantation des médecins en Ile-de-France
Cette étude propose une analyse des logiques d'implantation des médecins nouvellement installés en Île-de-France : quels sont les territoires les plus attractifs pour les médecins ? Quels enseignements en tirer pour l’action publique, notamment en termes de lutte contre les difficultés d'accessibilité spatiale aux soins ?
L’institut Paris Région a publié un focus sur les choix d’implantation des médecins en Ile-de-France. Où s’installent les médecins libéraux ? Quels enseignements pour le zonage médecins ?
Le document commence par rappeler qu’en France, le Conseil national de l’ordre des médecins (CNOM) a, en 2019, interrogé plus de 15 000 médecins (internes, remplaçants ou installés) sur les raisons qui motiveront ou ont motivé leur choix de lieu d’exercice. Le quatrième panel d’observation des pratiques et des conditions d’exercice en médecine générale de ville d’octobre 2018 à avril 2019 donne quelques éléments de compréhension des facteurs ayant motivé les médecins généralistes à choisir leur localisation d’installation :
- La qualité professionnelle du cadre d’exercice : possibilité de créer ou d’intégrer un regroupement de professionnels de santé, présence d’établissements hospitaliers et d’autres professionnels de santé… ;
- La connaissance du territoire : proximité par rapport aux attaches familiales et amicales, proximité du lieu d’étude, expérience de stage et de remplacement sur le territoire ;
- La qualité du cadre de vie : nature, climat, densité urbaine, distance domicile-travail, facilités pour la famille (travail du conjoint…).
Le document diffusé par l’Institut Paris Région étudie ensuite les différentes typologies de communes de la région.
Les médecins généralistes s’installent-ils dans les communes les mieux équipées ?
Il ressort que les nouveaux médecins se répartissent sur le territoire francilien de manière sensiblement identique à leurs prédécesseurs.
En effet, 22 % des nouveaux médecins généralistes libéraux qui se sont installés en Île-de-France depuis 2018 se sont installés à Paris, 34,6 % dans une commune de petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne), et 43,4 % dans une commune de grande couronne (Seine-et-Marne, Yvelines, Essonne et Val-d’Oise).
On note cependant un léger recentrage en faveur de Paris comparativement aux dynamiques d’implantation observées dans les années 2012-2015, où les médecins étaient un peu plus nombreux à s’installer en grande couronne.
Ainsi, la probabilité d’installation est plus forte dans les communes bien dotées en équipements et services.
Selon l’étude, la polarisation vers le centre d’agglomération et les centralités urbaines, encore plus forte pour les spécialistes, notamment de secteur II.
Cette attractivité des polarités urbaines pour les médecins questionne les instruments d’action publique régionaux.
Dans un contexte de démographie médicale tendue et de désaffection des jeunes médecins pour la médecine libérale ou l’exercice libéral, tenir compte des aspirations des médecins devient un enjeu, d’autant qu’il ne sera pas possible de disposer d’une offre médicale suffisante pour irriguer également tous les territoires.
Concentrer les aides à l’installation et au maintien en exercice dans les pôles urbains secondaires pourrait ainsi peut-être rendre le zonage médecins plus efficient. Cela pourrait également permettre de gagner en articulation des politiques publiques (de santé, d’aménagement du territoire, de desserte et de mobilité) et de mobiliser des registres d’action complémentaires et adaptées aux réalités de terrain.
En tout état de cause, et au-delà même du risque d’érosion des vocations, l’instauration d’une coercition forte à l’installation des nouveaux médecins dans les territoires ciblés par le zonage médecins actuel pourrait n’avoir que des effets potentiels très limités.