Actualités du CNER
Rencontre nationale Boulogne-sur-Mer (1/3): trois questions à Xavier CZERWINSKI
A l’occasion de la rencontre nationale « Développement économique et quartiers politique de la ville » organisée conjointement par le CNER- Fédération des agences de développement économique, le CGET et la Caisse des Dépôts le 3 novembre à Boulogne-sur-Mer, nous avons souhaité partir à la rencontre de ceux qui œuvrent dans les territoires au rapprochement de ces deux champs d’action. Rencontre avec Xavier CZERWINSKI (en photo), sous-préfet et Secrétaire général adjoint du Pas-de-Calais en charge de la cohésion sociale.
Quel état des lieux faites-vous sur les liens développement économique - politique de la ville ?
Quand j’ai pris mon poste en 2014, je me rappelle avoir assisté à une formation ayant trait au développement économique dans les quartiers et j’ai été très surpris de constater qu’aucun entrepreneur n’était présent dans le panel d’intervenants. Cela illustre à mes yeux l’importance de faire interagir le monde de l’entreprise et la puissance publique pour casser les a priori réciproques, entre entrepreneurs et jeunes des quartiers, mais aussi entre le public et le privé pour faire avancer significativement la politique de la ville. Nous avons vraiment besoin de dépasser ces représentations.
Quelle sont les spécificités du territoire sur lequel vous opérez ?
Pour agir, il faut comprendre la sociologie du territoire sur lequel on intervient. Il y a bien sûr des difficultés aigües, avec parfois des familles qui connaissent le chômage sur trois générations. Nos actions de sensibilisations très en aval dans des collèges sont notamment destinées à transmettre les codes de l’entreprise et à donner envie de s’engager dans des études. On constate aussi des disparités fortes d’un territoire à un autre, entre des quartiers politique de la ville situés en milieu urbain et les zones plus rurales, qui ne répondent pas du tout aux mêmes attentes. Dans tous les cas, les dispositifs « clé en main » ne nous suffisent plus : il nous faut agir sur mesure, en prenant en compte les spécificités du territoire en intégrant de nouvelles méthodes de travail plus en phase avec le monde de l’entreprise.
« Les dispositifs " clé en main " ne nous suffisent plus : il nous faut agir sur mesure »
Quels leviers ont été mis en place dans le Pas-de-Calais ?
Les contrats de ville constituent tout d’abord un outil majeur de nos actions. Les chartes « Entreprises et quartiers » mises en place par le Ministère de la ville en 2013 permettent d’instaurer un lien direct entre habitants et entreprises du territoire, avec près de 80 entrepreneurs dans le Pas-de-Calais. Ces chartes permettent de reconnaître l’engagement des entreprises en faveur des quartiers. Nous avons également souhaité que les entrepreneurs puissent siéger dans les instances de pilotage de ces politiques, car leur éclairage nous manquait jusqu’alors. C’est notamment le cas dans les services publics pour l’emploi local (SPEL)*. La présence du monde de l’entreprise nous permet d’avoir une plus grande efficience dans la mise en œuvre des politiques publiques et d’avoir les retours des entrepreneurs sur les actions engagées.
Développer une culture de l’entrepreneuriat dans les quartiers est également primordial. La « Fabrique à entreprendre » financée par l’Etat à hauteur d’1.5 million d’euros et la Caisse des Dépôts (1 million d’euros) sur deux ans permet de financer des projets qui ont une réelle plus-value pour le territoire. L’enjeu est de permettre aux habitants de devenir autonomes et de donner les conditions de faire, au lieu de subir. Nous soutenons ainsi le projet « Entreprenez votre vie » à Arras, qui accompagne une centaine d’autoentrepreneurs qui viennent de se lancer.
Enfin, nous travaillons sur le domaine de l’immobilier d’entreprise en partenariat avec la Caisse des Dépôts pour animer des convergences et créer des activités qui sortent du traditionnel « commerce de bas d’immeuble ». Nous souhaitons ainsi contribuer à l’émergence d’écosystèmes innovants pour accueillir des activités nouvelles (liées notamment au développement du digital) et ainsi dynamiser l’emploi en proximité.
Propos recueillis par Noémie CONDOMINES
* Réunions mensuelles coprésidées par un sous-préfet d’arrondissement et un élu du conseil régional des Hauts-de-France. Elles permettent de suivre les statistiques de l’emploi, des dispositifs d’accompagnement et de retour à l’emploi et d’anticiper l’installation des entreprises.
Pour vous inscrire à la rencontre nationale "Développement économique et politique de la ville" du 3 novembre à Boulogne-sur-Mer, veuillez suivre ce lien.