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Égalité des territoires : un « rendez-vous du CNER » passionnant avec Philippe Estèbe

Égalité des territoires : un « rendez-vous du CNER » passionnant avec Philippe Estèbe


Le rendez-vous du CNER organisé le 2 septembre avec Philippe Estèbe, géographe, directeur de l’IHEDATE, à l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage, L’égalité des territoires, une passion française, a été l’occasion d’un riche échange avec les participants.

Dans cet ouvrage inspiré par la création d’un ministère à l’Égalité des territoires puis du Commissariat général à l’Égalité des territoires, Philippe Estèbe revient en premier lieu sur la notion d’égalité des territoires, qui a évolué en trois temps au cours de l’histoire française. On est en effet passé d’une conception de l’égalité comme égalité des droits à l’idée d’une égalité des places, puis, pour finir d’une égalité des chances.

Philippe Estèbe explique cette « passion française » pour l’égalité par sa double spécificité par rapport à ses voisins européens : la France est à la fois un pays peu densément peuplé et un pays peuplé partout. L’exode rural y a en effet été tardif, et s’est en priorité effectué vers les villes de proximité, contrairement à ce qui a pu se passer dans des pays comme l’Angleterre. En outre, si le nombre de communes a été drastiquement réduit dans les autres pays européens dans les années 1970, la France n’a pas connu de telle réforme.

En conséquence, l’État a été dans l’obligation d’assurer une desserte administrative sur l’ensemble du territoire, et des mécanismes redistributifs ont été mis en place.

Cet état de fait est aujourd’hui remis en cause par trois séismes contemporains :

  • le système redistributif est en difficulté ;
  • l’évolution de la mobilité a donné naissance à une forme de consumérisme territorial de la part des habitants ;
  • enfin, les villes se sont affirmées depuis 20 ans.

Dans ce contexte, Philippe Estèbe propose trois pistes pour sortir de cette crise :

  • faire un travail de pédagogie pour expliquer la circulation de l’argent entre les territoires ;
  • construire politiquement les réseaux territoriaux ;
  • sortir de la logique étatique dans le gouvernement territorial.

Nul doute que ces propositions nourriront le débat public dans le contexte de l’application de la loi NOTRe.

Antoine Angeard