Actualités du CNER

70 ans du CNER : retour sur la décennie 2012-2022

Le CNER a fêté ses 70 ans en 2022 ! Alors que les soixante premières années d’existence de la fédération ont été retracées dans un ouvrage paru en 2012, nous vous proposons de revenir sur cette dernière décennie, particulièrement mouvementée, durant laquelle le CNER et les agences qu’il fédère ont dû et su faire preuve d’une incroyable capacité de résilience.

70 ans du CNER : retour sur la décennie 2012-2022


L’histoire du CNER a débuté en 1952 avec la création de la Conférence nationale des comités régionaux d’étude pour la mise en valeur de la France, qui adopta le nom de Conseil national des économies régionales en 1960 à la suite d’une fusion avec l’Institut français des économies régionales et le Centre de liaison des actions régionales.

Le CNER fêtait donc ses 70 ans en 2022 !

Alors que les soixante premières années d’existence de la fédération ont été retracées dans un ouvrage paru en 2012, retour sur cette dernière décennie particulièrement mouvementée, durant laquelle le CNER et les agences qu’il fédère ont dû et su faire preuve d’une incroyable capacité de résilience.

2012-2016 : Anticiper et accompagner la réforme territoriale

Un réseau déjà en mutation à l’approche de la réforme

 

Les dernières pages de l’ouvrage Le CNER : soixante ans au service du développement économique mentionnent différentes tendances à l’œuvre dans le réseau au début des années 2010 (fusions entre agences régionales de développement et agences régionales de l'innovation, fusion entre agences départementales de développement et comités départementaux du tourisme, conventionnements entre agences et EPCI, etc.), tout en signalant que le CNER s’attèle d’ores et déjà à les analyser.

Ses travaux se concrétisent en 2012 avec la parution d’une étude intitulée Agences de développement : état des lieux et perspectives.

 

Un lobbying intense pour préparer (et se préparer à) la réforme

 

Parallèlement, le CNER se saisit pleinement du sujet de la réforme territoriale alors en préparation.

En 2012, il consulte ses adhérents pour s’accorder sur des positions communes, officialisées dans un document intitulé « Décentralisation et agences de développement économique : une chance pour l’économie française », qui éveille l’intérêt du gouvernement et permet au CNER d’être reçu et entendu par différents ministres.

Il poursuit ses actions de lobbying en 2013, en s’opposant notamment à une proposition de rationalisation de la carte des agences formulée dans un rapport de l’IGF et que le premier ministre rejettera finalement à la suite des avertissements du CNER.

En 2014, il consulte une nouvelle fois ses adhérents afin de recueillir leurs avis sur le projet de loi NOTRe, et remet une série de recommandations au gouvernement afin de l’alerter sur les risques de pertes de financements et de compétences que font courir certaines mesures.

 

La réforme territoriale a malgré tout de lourdes conséquences sur les agences et leur fédération...

 

Malgré ce travail d’anticipation, la réforme territoriale a de lourdes conséquences sur les agences et le CNER, qui en est la caisse de résonnance.

D’une part, la suppression de la clause de compétence générale des départements prive ces derniers de base légale pour intervenir en matière d’économie et les oblige à arrêter de financer leurs agences. Cela entraîne la suppression de nombreuses structures à l’efficacité et à l’utilité pourtant avérées.

D’autre part, les fusions de régions se traduisent progressivement par des fusions d’ARD.

Le nombre total d’agences diminue donc fortement à partir de 2015, ce qui représente également une diminution des adhésions – et donc des cotisations – pour le CNER.

 

... mais qui restent limitées grâce à l’implication totale du CNER

 

Le CNER ne cesse toutefois pas de soutenir les agences : en 2015 comme en 2016, il multiplie les réunions d’échanges sur les évolutions en cours ainsi que les notes et séminaires juridiques (sur l’adaptation des structures départementales à la loi NOTRe, les fusions d’agences, etc.). Il poursuit également ses rencontres ministérielles pour sensibiliser à la situation des agences et de leurs salariés.

Grâce à son opiniâtreté, il obtient l'intégration de deux amendements à la loi NOTRe. Le 1er oblige les CTAP à tenir un débat sur l'avenir des agences de la région. Le 2nd autorise les conseils départementaux à maintenir leurs financements aux agences jusqu’au 31 décembre 2016. Une période de transition salutaire qui permit d’éviter – au moins dans un premier temps – certaines fermetures d’agences et de limiter ainsi les pertes d’expertise pour les territoires.

2016-2020 : Le CNER et les agences en plein foisonnement

Un réseau entre recompositions, stabilisation et consolidation

 

Après de multiples recompositions, le réseau des agences finit par se stabiliser, et sort même renforcé de ces années de turbulences.   

Au niveau régional, les fusions se poursuivent entre agences des anciennes régions, ainsi qu'entre agences de développement économique et agences de l’innovation, aboutissant à des ARD élargies en termes de géographie (intervenant sur le périmètre des nouvelles régions, le plus souvent en s’appuyant sur des antennes territoriales), de missions (avec un positionnement à 360° sur les différents métiers du développement territorial) et d’organisation (avec des effectifs et des budgets en hausse).

Parallèlement, de plus en plus d’EPCI créent leur propre agence pour se saisir pleinement de leur compétence économique renforcée.

La situation se stabilise également au niveau départemental : les agences maintenues ou nouvellement transformées – voire (re)créées – s’articulent efficacement avec les autres acteurs territoriaux de leur échelon (fusions avec les comités départementaux du tourisme ou les agences techniques départementales), de l’échelon supra (conventionnement avec les conseils régionaux) et de l’échelon infra (intégration des EPCI dans la gouvernance et les financements) et/ou en se spécialisant dans l’attractivité.

Cette notion d’attractivité s’impose progressivement comme un mot d’ordre du développement des territoires à l’échelon départemental, mais aussi régional et local. Dans la deuxième moitié des années 2010, de nombreuses structures sont créées ou transformées sous l’appellation « agence d’attractivité », en lien avec 4 dynamiques principales : les fusions entre agences de développement économique et organismes de promotion de la destination, le repositionnement d’agences de développement économique autour de l’attractivité, l’élargissement des missions d’organismes de promotion de la destination, mais aussi la création d’agences d’attractivité ex nihilo.

 

Le CNER s'adapte à cette nouvelle donne

 

Pour tenir compte de ces différentes évolutions, le CNER adopte une nouvelle baseline, plus inclusive, en 2019 : la « Fédération des agences et des comités d’expansion économique », devient « Fédération des agences d’attractivité, de développement et d’innovation ».

Grâce à une équipe consolidée, le CNER enrichit par ailleurs son offre de services, pour répondre au mieux aux nouveaux besoins de ses adhérents. Après la publication d’un ouvrage de référence sur l’attractivité en 2015 (Attractivité et compétitivité des territoires : théories & pratiques), il organise différents événements autour du sujet (groupes de travail, colloques, etc.), jusqu’à la parution en 2020 d’une étude sur les agences d’attractivité (Les Agences d'attractivité en France : état des lieux).

Il crée également de nouveaux clubs métiers, et structure son activité de conseil en lançant un service dédié, CNER Expertise, dès 2017, pour répondre aux sollicitations croissantes des territoires désireux d’être accompagnés dans leurs projets de création ou de transformation d’agences.

 

Un décloisonnement des acteurs du développement économique autour des agences au niveau territorial…

 

Plus fortes et plus légitimes, les agences s’affirment par ailleurs de plus en plus comme le lieu de rassemblement et d’animation des professionnels du développement économique de leur territoire.

Une fonction que le CNER entend bien les aider à assurer. En 2017, il lance CNER Animation, un service dédié à l’accompagnement de ses adhérents dans l’organisation d’événements et de formations en local. En 2019, il crée le club des animateurs de réseaux régionaux de développeurs pour favoriser les échanges entre ces animateurs, mais aussi leur montée en compétence. Diverses expérimentations et mutualisations sont également lancées pour permettre aux agences d’enrichir leur offre de services auprès des différents acteurs de leur territoire.

Parallèlement, le CNER se mobilise pour que ce rôle d’ensemblier soit reconnu et soutenu par l’État. En 2018 et 2019, il enchaîne les rendez-vous ministériels pour montrer que, dans un contexte de multiplicité des acteurs du développement économique (souvent critiquée comme étant une source d’inefficacité), et de décloisonnement nécessaire des savoirs et des pratiques, les agences sont les seules structures à la fois généralistes et partenariales à même de mettre en cohérence ces acteurs.

 

… et autour du CNER au niveau national

 

À l’instar de ce que font les agences sur leur territoire, le CNER souhaite rassembler et animer l’ensemble des développeurs économiques de France, quelle que soit leur structure. Il leur ouvre progressivement certains de ses services, à commencer par ses formations.  En 2018, il transforme son congrès en grand rassemblement de tous les professionnels du secteur – le forum DEV&CO – avec le soutien des principales fédérations de collectivités territoriales. Il développe également une plateforme de services à destination de ces professionnels, www.deveco.fr, qui voit le jour en 2020. Ce décloisonnement des différents acteurs du développement économique passe aussi par l’élaboration d’une convention collective nationale, initiée en 2017 en lien avec d’autres fédérations : la CCN ADITIG.

2020-2022 : De nouveaux défis

Une crise sanitaire et économique paradoxalement source d’opportunités pour les agences

 

Par leur capacité d’adaptation, leur aptitude à coordonner les acteurs de leur territoire, et leur solidarité, les agences jouent un rôle clé dans la gestion territoriale de la crise liée à l’épidémie de Covid-19.

En quelques semaines – voire quelques jours – elles mettent en place des actions décisives en soutien à l’organisation sanitaire (structuration de filières de production de masques ou de gel hydroalcoolique, de l’identification des fournisseurs jusqu’à l’organisation de la livraison des produits) et aux entreprises (information, suivi, accompagnement, etc.). Le président du CNER Frédéric Cuvillier note d’ailleurs dans son édito du rapport d’activité 2020 que la crise a paradoxalement fourni l’opportunité de rappeler l’importance et l’intérêt de ces structures partenariales, disposant d’une connaissance fine de leur tissu économique et dotées d’équipes compétentes et réactives.

Une importance et un intérêt que les agences n’ont pas cessé de démontrer après la crise, en jouant un rôle majeur dans la relance économique, notamment en matière de soutien aux relocalisations.

 

Une mobilisation sans précédent du CNER

 

Le CNER – qui pratiquait d’ores et déjà le télétravail et proposait depuis quelques années des visioconférences et webinaires à ses adhérents – se mobilise lui aussi du début à la fin de la crise pour soutenir les agences : rédaction et actualisation quasi-quotidienne d’articles sur les mesures nationales et locales de soutien aux entreprises ; organisation de visioconférences d’échanges et d’informations (11 entre le 25 mars et le 1er juillet 2020) ; mise en place d’un canal de communication instantané entre agences sur Teams ; élaboration de formations spéciales en e-learning ; valorisation des actions des agences via des articles (30 entre la mi-mars et la mi-novembre), une note de synthèse et une série de vidéos (12 témoignages de directeurs et directrices d’agences diffusés entre juin et juillet) ; organisation de deux éditions 100% digitales du forum DEV&CO en 2020 et 2021.

Des actions particulièrement plébiscitées par les agences, avec des taux de participation et d’engagement sans précédent, insufflant une dynamique durable dans le réseau. L’ouverture d’un certain nombre de services aux non-adhérents (animations, publications) aura en outre convaincu plusieurs d’entre eux de rejoindre la fédération.

 

De nouveaux défis autour de la conciliation entre économie et transitions

 

Prise de conscience de nos dépendances économiques à la suite de la crise Covid, arrivée d’élus écologistes à la tête de nombreuses municipalités, introduction de l’objectif ZAN dans la loi Climat et Résilience, crise énergétique liée à la guerre en Ukraine, etc. : les dynamiques à l’œuvre au niveau local, national et international poussent aujourd’hui les agences et le CNER à réfléchir et agir pour une meilleure conciliation entre développement économique d’une part et transitions environnementales et sociétales d’autre part.

Déjà sensibilisé à ces enjeux, le CNER s’en saisit pleinement 2021-2022. En 2021, il est missionné par la Banque des Territoires pour bâtir un MOOC sur la résilience territoriale, ce qui enrichit fortement son expertise en la matière. La même année, il fait de la durabilité le fil rouge du forum DEV&CO. En 2022, il lance la démarche ADES (pour Attractivité, Développement économique, Environnement et Social) afin de favoriser le partage de bonnes pratiques et faire émerger des solutions concrètes pour relever les défis des transitions. Il s’appuie sur quelques agences précurseurs en matière d’attractivité durable pour organiser un premier webinaire en avril, permettant d’initier une réflexion commune qui se poursuivra en 2023.

 

Marquée par la réforme territoriale puis par l’épidémie de Covid-19, la période 2012-2022 n’en demeure pas moins riche en accomplissements pour le CNER, qui a su soutenir les agences dans ces différentes épreuves tout en les surmontant lui-même. Sans nier les nombreux défis en cours et à venir – contexte géopolitique instable, réduction des budgets publics, défi climatique  – le CNER peut s’appuyer sur plusieurs dynamiques pérennes :

  • Un réseau de plus en plus fort, avec une augmentation constante du nombre d’agences et d’adhérents (avec 9 nouvelles adhésions en 2021 et 11 en 2022).
  • Une offre de services consolidée et plébiscitée, avec des réponses quasi-quotidiennes aux demandes des adhérents, des publications de référence, des formations de plus en plus suivies, des missions de conseil régulières, des animations diversifiées, qui intéressent et impliquent davantage les équipes des agences.
  • Un positionnement incontournable du CNER dans le domaine du développement économique : pour les agences en tant que fédération, pour les collectivités territoriales avec le nouveau club Attractivité & Dévéco, et pour l’ensemble des professionnels du secteur dans le cadre de la démarche DEV&CO aujourd’hui et de la CCN ADITIG demain.
  • Une (re)connaissance nationale croissante des agences comme du CNER, en lien avec un important travail de communication (nouvelle identité visuelle plus moderne, visibilité croissante sur les réseaux sociaux) et d’influence (multiplication des rendez-vous institutionnels).

Retrouvez ci-joint l'infographie sur les 70 ans du CNER publiée dans le rapport d'activités 2022 !

 

 

Clémence Binet