Actualités des partenaires

Stratégies d’internationalisation et d’attractivité : quels enjeux et quels leviers pour les régions ?

Le 10 mars 2022, l’OCDE publie en collaboration avec l’ANCT et Régions de France un rapport sur l’internationalisation et l’attractivité des régions françaises.

Stratégies d’internationalisation et d’attractivité : quels enjeux et quels leviers pour les régions ?


La crise sanitaire a été un facteur de transitions qui a accéléré notre prise en considération d’objectifs non seulement économiques mais aussi environnementaux, sociaux et technologiques dans les stratégies de développement et d’internationalisation. Elle a eu des effets différenciés sur les régions selon leur niveau d’insertion dans les réseaux internationaux ou leur spécialisation (notamment les régions spécialisées dans des secteurs qui dépendent d’approvisionnements liés aux chaînes de valeur mondiales comme les secteurs des produits énergétiques, du matériel de transport ou encore de l'électronique).  

 

Dans ce contexte post-covid, l’OCDE a cherché à identifier les leviers d’internationalisation et d’attractivité des régions ainsi que les moyens de coordination de l’action des autorités régionales avec les autres niveaux d’action publique. Ces résultats ont été publiés le 10 mars dernier dans un rapport remis aux autorités françaises et à la Commission européenne. 

Les différents profils d’internationalisation et d’attractivité des régions françaises  

Les facteurs déterminants des stratégies d’internationalisation des régions sont avant tout structurels, ce qui implique des profils d’internationalisation différents :   

  • Des régions comme le Grand Est ou les Hauts-de-France exploitent leur positionnement géographique et favorisent les connexions transfrontalières qui peuvent se créer. En effet, l’Allemagne est en 2021 le premier investisseur international en France (selon le Bilan 2021 de l'investissement international de Business France) et dans la région Grand Est les investissements en provenance de l’Allemagne représentent 30% des emplois crées par les IDE. 
  • Les régions d’outre-mer qui témoignent d’une diversité de profils spécifiques davantage liée à certaines politiques de développement territorial qu’à leur position géographique.
  • Certaines régions, comme le Centre-Val de Loire, ont un profil moins spécifique, et ne dépendent pas d’un seul type de connexions (qui peuvent être humaines, d’affaires, d’infrastructures ou de connaissances). 
  • D’autres régions n’utilisent en priorité qu’un seul des leviers d’internationalisation (tourisme, IDE, exportation etc.) comme la Normandie qui se démarque par son rôle dans la logistique et l’import/export à l’échelle régionale.
  • Enfin, l’Ile-de-France se distingue à l’inverse par son profil singulier : elle emploie l’ensemble des leviers d’internationalisation à sa disposition. Au-delà d’être un hub aérien et un point de confluence des flux de personnes, elle concentre également les IDE avec 1810 projets effectués sur la période 2014-2018 et 36 000 emplois créés ou maintenus. 

L’Ile-de-France rayonne aussi sur le plan de l’attractivité économique et touristique et selon le rapport de l’OCDE, « elle figure parmi les premières régions sur les indicateurs de gestion des déchets, de sécurité, d’accès à l’internet très haut débit et de capital culturel ».  

 

Elle n’est toutefois pas la seule puisque les autres régions françaises tirent leur épingle du jeu. Les régions Auvergne-Rhône-Alpes et Hauts-de-France figurent elles aussi parmi les principales destinations des IDE en 2020 (et, dans une moindre mesure, les régions Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est et Occitanie). Les régions Occitanie et Provence-Alpes-Côte-d’Azur affichent quant à elles des indicateurs d’attractivité performants dans le domaine du développement économique. 

Les préconisations de l’OCDE pour un développement régional durable et inclusif 

L’attractivité, bien que source de concurrence comme peut en témoigner la diversité des marques territoriales, est un enjeu qui requiert des instances de dialogue et de coopération pour favoriser un développement régional et national cohérent, motivé par une ambition de croissance globale.  

 

Dès lors, l’OCDE souligne l’importance de l’Etat et des outils qu’il met à disposition des régions (notamment concernant les stratégies d’attraction de talents), bien que ces outils soient encore assez peu mobilisés. Elle indique aussi le rôle des autorités régionales dans les instances nationales pour favoriser l’articulation des politiques d'internationalisation et d'attractivité.

 

L’OCDE met également en lumière une prise en compte trop cloisonnée et un manque de mobilisation des acteurs participant de manière transversale aux politiques d’attractivité, notamment les acteurs du foncier et de la logistique. Depuis la crise covid et les reconsidérations des chaines de valeurs, de nouvelles possibilités de développement s’ouvrent pour des territoires alors en déficit d’attractivité qui doivent saisir cette opportunité. Ces derniers peuvent tirer avantage d’infrastructures clés déjà présentes sur leur territoire, notamment des infrastructures de transport, du numérique, des réseaux logistiques ou encore des ressources foncières.  

Une clarification des rôles des diverses acteurs 

Il existe de nombreux acteurs qui s’articulent autour de l’attractivité régionale, rassemblés autour d’un enjeu commun. Selon les enquêtes menées par l’OCDE, une clarification de ces rôles bénéficierait à chacun et la mise en place de dispositifs, tels que la Team France Export, la Team France Invest ou encore le programme Territoires d’Industries, participe à la simplification de cet écosystème.  

 

Piloté par Business France, la Team France Export réunit l’ensemble des acteurs ayant la compétence en matière d’export et a permis en 2019 d’accompagner 50 000 entreprises et d’en projeter 12 700 à l’international. Toutefois, ce dispositif « pourrait être approfondi, notamment en intégrant mieux les différentes parties prenantes concernées ». La Team France Invest, mise en place depuis 2020, permet quant à elle d’avancer vers une meilleure coordination des services pour renforcer l’attractivité territoriale auprès des investisseurs.  

 

Par ailleurs, pour fédérer un ensemble d’acteurs autour d’un projet de territoire, L’OCDE présente le contrat comme un outil pertinent. Le programme national Territoires d’industrie, piloté par l’ANCT et la Direction Générale des Entreprises qui a pour objectif la reconquête industrielle des territoires à l’échelle locale est défini dans le cadre d’un contrat. Cela permet de fixer les engagements financiers et sociétaux des porteurs de projets, de la Région, de l’Etat et de divers partenaires publics et privés.  

Quelques bonnes pratiques proposées par l’OCDE 

Pour la mise en œuvre des 10 recommandations faites par l’OCDE, l’organisme propose un plan d’action opérationnel pour aider les régions à mettre en œuvre leur stratégie d'internationalisation et d'attractivité, contenant deux outils pour définir le profil international et d’attractivité de chaque région. Il s’agit de tableaux de bords à établir à l’aide d’indicateurs concis :  

  • Connexions d’infrastructures (accessibilité aux aéroports internationaux, part de ménages ayant accès à internet à haut débit),  
  • Connexions humaines (des indicateurs liés au tourisme ou par exemple la part des 15-64 ans nés à l'étranger dans l'UE rapportée à la population totale)
  • Connexions de connaissances (pourcentage d'étudiants étrangers, dépenses totales en R&D), 
  • Connexions d'affaires (taux d'ouverture aux échanges, part de l'emploi dans les entreprises sous contrôle étranger). 

Vous pouvez retrouver les 10 recommandations et le détail des outils d’application dans le rapport de l’OCDE disponible en cliquant ici