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Villes moyennes recherchent commerces désespérément

Les commerces sont indispensables au développement économique, à l’attractivité, à l’esthétique, à la sécurité ou encore à la convivialité des centres-villes. C’est pourquoi les fermetures de commerces dans les quartiers centraux des petites et moyennes villes inquiètent. Preuve de l’actualité de la question, la Fondation Jean Jaurès a engagé fin 2017 une réflexion sur les centres-villes. Au même moment, le ministère de la Cohésion des territoires a lancé l’action « Cœur de ville », en lien avec la Caisse des Dépôts.

Villes moyennes recherchent commerces désespérément


Le lundi 22 janvier 2018 avait lieu la conférence « Villes moyennes recherchent commerces désespérément » à la Fondation Jean Jaurès. Depuis l’automne, la Fondation a engagé une réflexion sur les petites et moyennes villes, avec un premier débat en septembre autour de l’ouvrage Comment la France a tué ses villes d’Olivier Razemon. L’événement du 22 janvier - le quatrième du cycle - était centré sur les solutions à apporter aux territoires pour résoudre les problèmes de vacance commerciale et plus largement de dévitalisation des centres-villes. Le débat était animé par David Djaïz, enseignant à Sciences Po et directeur du cycle sur les petites et moyennes villes de France pour la Fondation Jean Jaurès, et réunissait :

  • Martial Bourquin, sénateur du Doubs ; 
  • Michel-François Delannoy, coordinateur du dispositif « Centres-villes de demain » pour la Caisse des dépôts ;
  • Pascal Madry, directeur de l’Institut pour la ville et le commerce.

Une intensification et une généralisation de la dévitalisation des centres-villes

 

Le problème de la dévitalisation des centres-villes est apparu dans les années 1990. D’abord limité à certains territoires, il s’est à la fois intensifié et généralisé dans les années 2010. Ainsi, entre 2012 et 2015, le taux de vacance commerciale (qui se calcule en rapportant le nombre de cellules commerciales vides d’une aire donnée à son nombre total de cellules commerciales) est passé de 7,2% à 9,5%. Dans certaines localités, ce taux dépasse les 25%. Comme l’a rappelé Pascal Madry, la France des années 1930 comptait plus de 2 millions de commerces pour 40 millions d’habitants. Celle des années 2010 en dénombre trois fois moins avec 20 millions d’âmes supplémentaires. En effet, avant l’exode rural, les commerces étaient dispersés pour répondre à la répartition de la population. Celle-ci s’étant agglomérée dans les villes, les commerces ont suivi ce mouvement. Toutefois, avec la périurbanisation, l’on est passé d’une dynamique de polarisation à l’apparition de nouvelles centralités périphérique et à une situation de multipolarisation. Des activités historiquement implantées dans les centres-villes (services de santé, écoles, etc.) se sont déplacées en périphérie, entraînant avec elles les commerces.

 

Des facteurs multiples et diversifiés

 

Les facteurs de la dévitalisation des centres-villes sont multiples et dépassent le seul champ du commerce. Les caractéristiques socio-démographiques des petites et moyennes villes ont leur importance. En effet, la vitalité d’un centre-ville repose sur l’existence d’un marché de consommation. Or les centres-villes voient leur population diminuer (en témoigne la hausse de la vacance des logements) et se paupériser. La vitalité d’un quartier dépend également de sa commercialité, qui repose sur la présence de services et d’équipements attractifs. Or ces derniers ont tendance à fuir en périphérie pour des raisons économiques (zones franches avec avantages fiscaux dans les périphéries, réévaluation à la hausse des bases en centre-ville, coûts des réhabilitation et mises aux normes dans le bâti ancien, etc.).

 

Régulation, évaluation et attractivité pour sauver les centres-villes ?

 

Pour les trois intervenants, la résolution du problème de la dévitalisation des centres-villes doit passer par plus de régulation. Par exemple, les documents d’urbanismes devraient contenir des éléments sur le commerce, domaine qui reste très centralisé. La réalisation d’études d’impact fait également partie des réponses proposées. Avant d’autoriser la création d’une surface commerciale, il est important d’évaluer les besoins du territoire, ainsi que de comparer le nombre d’emploi que doit créer la surface commerciale avec nombre d’emploi qu’elle risque de détruire.

 

Une autre catégorie de solutions concerne l’attractivité des centres-villes. Ces derniers doivent se différencier des périphéries en proposant des aménités, de la culture, de la convivialité, etc. Les centres-villes doivent également redevenir attractifs du point de vue de l’habitat, alors que de nombreux bâtiments connaissent une dégradation à la fois intérieure et extérieure. Autre élément indispensable : le volontarisme et la proactivité des associations de commerçants mais également des décideurs politiques. Toutefois, dans les petites et moyennes villes, ces derniers n’ont pas toujours connaissance des outils qu’ils ont à leur disposition en la matière. L’idée de zones franches en centre-ville, celle d’un ANRU des centres-villes et celle d’un observatoire du commerce pour évaluer les politiques locales du commerce, ont été évoquées.

 

La réponse de l’action « Cœur de ville »

 

Le ministère de la Cohésion des territoires a lancé en décembre dernier un plan d'action gouvernemental pour la revitalisation des quartiers centraux des villes petites et moyennes, nommé « Action cœur de ville ». Les 16 et 17 janvier 2018, Jacques Mézard a donné de nouvelles précisions sur cette action. Elle « s'adresse en priorité à des villes pôles d'attractivité, hors périmètre des métropoles, dans lesquelles une action de redynamisation du cœur de ville est nécessaire », et dans lesquelles un projet et une volonté politique sont partagés au niveau intercommunal. Elle vise entre 200 et 250 villes mais distingue trois catégories de villes selon la maturité de leur projet de revitalisation. La première catégorie, qui regroupe les villes les plus avancées, contractualiseront dès 2018. Les préfets de région ont jusqu’au 15 février pour recenser les villes éligibles à cette action.

 

Plus d'informations sur le site de la Caisse des dépôts, partenaire de l’action. 

 

Retrouvez également notre retour sur le rendez-vous du CNER du 16 novembre 2017 avec Martial Bourquin ici.