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Métropoles et territoires avoisinants : quels effets d’entraînement ?

L’Institut CDC pour la Recherche de la Caisse des Dépôts, le Commissariat Général à l’Egalité des Territoires et France Stratégie ont récemment publié une étude sur les effets d’entraînement des métropoles sur leurs territoires voisins. Retour sur les principaux apports de la recherche.

Métropoles et territoires avoisinants : quels effets d’entraînement ?


Le 15 mars 2018 aura lieu à la Caisse des Dépôts la restitution de l’étude « Analyse du lien entre les métropoles et les territoires avoisinants », du laboratoire EconomiX de l’Université de Paris-Ouest Nanterre La Défense. La recherche fut réalisée sous la direction de Marc Brunetto, Denis Carré, Nadine Levratto et Luc Tessier, avec le soutien de l’Institut CDC pour la Recherche de la Caisse des Dépôts, le Commissariat Général à l’Egalité des Territoires et France Stratégie.

 

Les économistes se sont penchés sur treize métropoles de province - Aix-Marseille, Bordeaux, Brest, Grenoble, Lille, Lyon, Montpellier, Nantes, Nice, Rennes, Rouen, Strasbourg et Toulouse - pour questionner les effets d’entraînement produits par ces métropoles sur leurs territoires contigus. Il apparaît que, si les zones urbaines et rurales voisines des métropoles ont toutes connu une croissance importante dans les années 1980 et 1990, l’avantage lié à la proximité d’une métropole n’est plus vérifié à partir des années 2000. Aujourd’hui, il apparaît impossible d’identifier un effet d’entraînement généralisé.

Des situations très différenciées au sein du groupe des métropoles

 

La première spécificité de l’étude est de considérer les métropoles d’un point de vue désagrégé. Il apparaît dès lors que, si la croissance est globalement supérieure dans les métropoles que sur le reste du territoire national (30,8% contre 18% entre 1975 et 2011), la croissance métropolitaine est surtout tirée par Bordeaux, Montpellier, Nantes, Rennes et Toulouse. La situation est en effet moins favorable à Lyon, Grenoble, Marseille et Strasbourg où la croissance est à peine plus élevée que celle de l’ensemble du territoire, ainsi qu’à Brest, Lille, Nice et Rouen qui présentent une croissance inférieure à la moyenne nationale. Comme le notent les économistes, cette hétérogénéité « n’est pas sans influence sur les relations que les métropoles entretiennent avec les territoires des régions auxquelles elles appartiennent et sur les effets d’entraînements qu’elles sont en mesure d’exercer ».

Des effets d’entraînement eux aussi différenciés

 

En effet, la comparaison des dynamiques d’emploi dans les métropoles et dans leurs territoires avoisinants révèle à nouveau des disparités au sein du groupe des métropoles. Le dynamisme de certaines d’entre elles en matière d’emploi se retrouve parfois dans les territoires voisins (Lyon, Marseille, Nantes, voire Bordeaux et Rennes dans une moindre mesure) et parfois pas (Lille, Montpellier et Toulouse). Dans certains cas (Grenoble et Strasbourg), la dynamique d’emploi est plus forte dans les territoires voisins. Enfin, certaines métropoles (Rouen et Nice) connaissent une dynamique d’emploi défavorable au même titre que leurs territoires voisins (Rouen et Nice). Un autre élément différenciant est la portée de l’effet d’entraînement des métropoles. Pour certaines (Lille, Lyon, Marseille, Montpellier, Rouen et Toulouse), cet effet s’exerce plus fortement sur les communes de la   première couronne. Pour d’autres (Bordeaux, Brest, Grenoble, Nantes, Rennes, Strasbourg), il se fait au contraire ressentir davantage sur les communes du deuxième cercle.

L’importance des emplois compétitifs

Une autre particularité de la recherche est l’attention particulière accordée aux emplois de la base compétitive, qui regroupe les activités les plus créatrices de valeur (industrie manufacturière, services aux entreprises, commerce de gros et transport de marchandise). Si ces emplois ne sont pas surreprésentés dans les métropoles (35,1% de l’emploi total des métropoles contre 34,1% de l’emploi total en France), leur croissance est toutefois supérieure dans les métropoles. C’est cet écart de croissance des emplois de la base compétitive qui explique une grande partie de l’écart de croissance des emplois total entre les métropoles et l’ensemble du territoire. Il convient à nouveau de considérer le groupe des métropoles d’un point de vue désagréger : certaines, comme Nice et Montpellier, sont très présentielles, et d’autres, comme Grenoble, Lyon ou Toulouse, comptent plus d’emplois de la base compétitive.

Localisation, agglomération, polarisation, proximité : l’importance de la géographie

La recherche interroge enfin l’importance de certains phénomènes géographiques. Par exemple, en étudiant les déterminants de la variation du nombre d’emplois salariés dans les aires urbaines des métropoles, les économistes essaient d’identifier les facteurs de croissance de l’emploi propres à chaque commune, en tenant compte des éventuels phénomènes de proximité spatiale. Il apparaît que les taux de variation d’emploi et de création d’entreprises observés sur une commune donnée sont influencés non seulement par ses propres caractéristiques mais également par celles des communes voisines.  Le recours aux outils de l’analyse exploratoire des données spatiales (AEDS) a permis d’identifier des phénomènes d’agglomération et de polarisation. Il apparaît par exemple que les communes présentant un nombre d’emploi élevé tendent à être regroupées géographiquement : l’emploi se concentre sur une partie du territoire des métropoles. Les économistes ont également recouru à la méthode shift-share, aussi appelée structurelle-résiduelle, pour déterminer si la différence d’évolution entre l’emploi des métropoles et l’emploi national est liée à une différence de composition sectorielle (poids important des secteurs dynamiques par exemple) ou à des caractéristiques locales.

 

Plus d'infos

 

Retrouvez l'étude en intégralité ici.